• LE CHAMP DE L’ARCHITECTURE

    La définition du champ de l’architecture s’appuie dans son objectivation sur les termes  les plus en usage. Nous optons pour celle de Vitruve dont la racine principale comprend : l’art de bâtir..

    Nous relevons deux objections :

    1. un aspect tautologique :

    Il est perceptible dans la succession des termes art et bâtir. Ce dernier désigne généralement l’ensemble des actions pratiques qu’un sujet déploie pour produire à partir de matériaux , un objet composé, structuré , signifiant et identifiable. Dans sa simplicité cet ensemble d’action est également un Art mécanique.

    Dans son essence,  « bâtir » est un art, et l’aspect tautologique se déclare dans cette succession qui, dans le fond,  ne fait que confirmer que l’acte de bâtir est un art .    

    1. Une absence de terme extêmes

    Dans la définition de l’architecture précitée , les aspects extrêmes relevant de l’intentionalité et de la finalité sont évacués.

    Dans cette définition, le principe de causation se confond avec la finalité.

    Cependant nous pouvons dépasser ce blocage en convoquant l’expression de Heiddeger de l’« être » du bâtir : l’habiter.

    « Réaliser l’être du bâtir c’est édifier des lieux par l’assemblement de leur espace. C’est seulement quand nous pouvons habiter que nous pouvons bâtir ». 

    L’acte de bâtir semble se poursuivre d’une finalité : l’habiter.

    Bâtir est une activité qui produit des « constructs », dont le sens dépasse leur  valeur en soi.

    L’habiter :

    Cette notion vague et imperceptible s’inscrit dans les limites des structures spatiales de l’enveloppe « architecturale », qui demeure inerte et insensible sans l’ «esprit » qui vient s’y  établir en insufflant la vie.

    L’habiter (le home anglais) est ce sentiment profond, intime et mystérieux qui lie l’homme à un lieu. Il ne  consiste pas en une occupation passive, insensible ou utile, mais à l’établissement d’une affectivité évocatrice, « féconde » et renouvelée ou les relations à l’espace deviennent motivées, créatrices et inspiratrices.

    « L’univers miniaturisé et immense » qui favorise les reveries et les souvenirs (G.Bachelard),  l ‘espace du bonheur qui favorise l’imaginaire (H.Lefebvre), l’habiter est ce quelque chose de plus, qui accompagne l’habitat de l’homme[1].

     En conclusion, la production architecturale s’inscrit dans une double finalité :

    • La finalité exterieure, qui s’attache à la matérialisation, à la structuration et à l’agencement des espaces dans un souci organisationnel, fonctionnel  et de durabilité.
    • La finalité interne , valeur intrinsèque du produit architectural qui doit favoriser un vécu sensible et harmonieux.

    L’architecture est la sublimation du cogito qui substitue l’être par la pensée à l’être par habiter, en introduisant d’autres attributs dont le fond s’appuie sur des valeurs « positives », esthétiques et vraies (affectivité, poésie, art, morale, utilité).

    Le sublime est pris dans une acception kantienne, qui devient l’indice d’une faculté de l’âme qui surpasse les mesures du sens.

    A.BOUCHAREB


    [1] « ’homme habite en poète » disait HOLDERLEIN…


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